REGARDE MES MAINS
Assis sur un banc, près de l'autoroute dans la grisaille J'ai vu un petit vieux voûté, ratatiné Les yeux pleins de doutes La barbe en bataille
Il m'a dit écoute moi l'ami Mets un frein à ta vie !
Regarde mes mains Elles sont usées à gratter la terre Elles sont usées à déterrer ces pierres Du plus précieux des cimetières
A en extraire ce minerai que je hais Mon dos s'est courbé à en toucher mes pieds A force de me mettre à plat ventre dans ces veines A force de ramper dans ces boyaux ces souterrains pour quelques joyaux Tout ça pour un cadeau à une reine Qui se fout bien du genre humain De mon destin auquel je suis poings et mains liés
Il m'a dit écoute moi l'ami Mets un frein à ta vie !
Regarde toutes ces cicatrices qui couvrent mon visage A force de ramper dans ces entrailles, sous la mitraille Je ne compte plus toutes ces entailles qui couvrent mon corps Là où l'air n'est plus respirable, je n'en suis plus capable A force de rage de plus d'un corps à corps Dans cette montagne sans arbres Tout ça pour quelques morceaux d'or Pour plaire à une reine Qui se fout bien du genre humain De mon destin auquel je suis poings et mains liés
Regarde mes mains sont usées Usées comme des vieux papiers déchirées A force d'extraire ces minéraux, ces émaux Ces rubis, ces émeraudes et toutes sortes de métaux précieux à leurs yeux Qui pour moi ne sont que des vulgaires cailloux L'or a brisé mes os rongés mes genoux Comme un vieux panier en osier Qu'on a trop porté, trop chargé Tout ça pour les bijoux d'une reine Qui se fout bien du genre humain De mon destin auquel je suis poings et mains liés
Il m'a dit écoute moi l'ami Mets un frein à ta vie ! Puis il est parti !
PETER. BERVORE Texte écrit en 2002 |
Regarde mes mains |
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