Les moteurs se sont tus   

(Hommage à une idole)


 

 

J’ai éteins mon moteur

J’ai brulé mes couleurs

Un poignard planté dans le cœur

Avec élégance, traverse mon cuir

Comme une immense douleur

Enlevant ma jeunesse indélébile

Désir et plaisir de me détruire

Envie de vomir et de tressaillir

 

Les moteurs se sont tus

À la mort du rockeur

Sur les Champs-Élysées

Les pavés sont glissants

Luisants sur mes pare-boues

Ondoyant sous mes roues

 

Les poings fermés

Le visage émacié

Sous mon casque d’acier

Les cheveux gominés

Les larmes coulent

Derrière mes lunettes fumées

Mouillant ma cagoule

 

Des cris sont lancés

Des bravos sont hurlés

À nos motos gonflées

Lançant des vapeurs d’octane

Parfumés d’huiles brulées

Rutilantes et brillantes

De chromes bien lustrés

 

Des photos des fleurs

Sont agitées par une foule

Entre malheur et bonheur

Sous l’effigie du rockeur

Portrait géant sur grand écran

Image figée pour l’éternité

A jamais dans le cœur des fans

Pour raviver la flamme dans nos âmes

 

Grisée et glacée par l’air froid

Blottie et serré comme à un concert

Unis avec tristesse et gentillesse

Sur un trottoir comme à confesse pour apercevoir

Où entrevoir une dernière fois

Le passage du cercueil blanc immaculé

De leur idole des années folles

 

Dernier hommage au chanteur

Plus que sa voix dans les haut-parleurs

Pour ne jamais la faire taire

Pour ce souvenir du rockeur

J’ai éteins mon moteur

J’ai brulé mes couleurs

Un poignard planté dans le cœur

Comme une immense douleur

Les moteurs se sont tus

 

                                                                                              

 Peter Bervore 2018

Les moteurs se sont tus
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